Conclusion / Journée d'étude Marc Bloch

Au-delà des inévitables querelles sur les appropriations politiques plus ou moins légitimes de son œuvre — ou, le plus souvent, de l’autorité de son nom — la question de l’héritage de Marc Bloch mérite d’être posée. De l’héritage, ou plutôt des héritages, qui demeurent inassignables institutionnellement. Autrement dit, si personne ne peut se prétendre l’unique héritier de Marc Bloch, la portée de son œuvre dépasse de beaucoup le cercle des élèves directs, et même celui de la discipline médiéviste. 

Afin de conclure cette journée d’étude, Patrick Boucheron, professeur au collège de France, propose d’envisager au moins un double héritage. Le premier réside dans la stabilité d’une histoire sociale dont la rationalité et la solidité des méthodes ont assuré la postérité à bien des égards exceptionnels : sur la classification sociale ou le servage notamment, les paradigmes de Marc Bloch sont encore largement les nôtres. Mais le second repose sur des hypothèses plus hardies : et lorsque nous lisons Les rois thaumaturges ou La vie d’outre-tombe du roi Salomon, nous nous sentons les héritiers des questions que posaient Marc Bloch davantage que des réponses qu’il apportait. Cet héritage en devenir débouché sur un éloge de la jeunesse et de la transmission, retrouvant par là la conviction la plus profondément républicaine de l’historien et du citoyen Marc Bloch.